Par Claire Vannaxay — ARTISTE — 20/04/2021
Portrait — Kandis Williams
Kandis Williams I Annexation Tango I 2020 I Single channel video with sound 10 minutes, 31 seconds, I Edition of 3 plus 1 AP (#2/3) I 4:3 formatted teaser for "Kandis Williams: A Field" "Annexation Tango" appears in "Kandis Williams: A Field" at the Institute for Contemporary Art at Virginia Commonwealth University.
Crédits : Kandis Williams | Réalisation — Brian Echon | Caméra et montage — Patrick Belaga | Musique — Olin Caprison/VIOLENCE | Musique de fond — Roderick George | Interprète— Kevin Lamar Jones | Dramaturgie — Leah Adler | Assistante de réalisation — Nick Nauhman | Assistant de production — Tyler Lyman | Assistant de production — Departure Point Films | Équipe du film de Richmond — Amber Esseiva | Curateur adjoint et agent de liaison de l’ICA
À travers son œuvre, Kandis Williams prône la diversification dans le paysage artistique contemporain et la reconnaissance d’un esthétisme identitaire à travers le traitement du corps et du mouvement.
Les origines du tango sont méconnues du grand public, c’est en réalité un mot originaire du Congolais qui signifie « soleil » et issu de danses sensuelles comme le candombe.
Ces danses sont les précurseurs d’une forme de communication de la passion par le corps. L’échange dans la relation avec son partenaire, traduit par des mouvements affirmés et spectaculaires. Le corps noir est ici représenté par sa sensualité, sa sexualité, son affectivité relatant une forme de fantasme contemplatif — presque mythologique —, mais aussi l’intention subconsciente d’un réflexe primitif de communication et de séduction affectant ainsi les rapports sociaux, le rapport à soi-même et la représentation de soi.
Il est intéressant de découvrir comment elles seront par la suite absorbées, annexées par la société occidentale durant les différents phénomènes de migration en Argentine puis en Europe lors de la traite des noirs. Paradoxalement, on assiste à un effacement total de l’identité culturelle africaine à l’origine du tango et une impossibilité de le revendiquer comme telle à cause d’un contexte politique raciste qui, encore aujourd’hui, reste réticent à l’idée d’une relecture de l’Histoire.
Kandis Williams parle ici d’un phénomène de transculturation, une preuve tangible et concrète d’une Histoire officieuse, pourtant bien réelle de la création artistique noire.
Dans sa prise de position, elle dénonce une absorption abusive de cette culture traduite par un manque d’archives, de documentation et de reconnaissance officielle de cet esthétisme propre, empreint d’une réflexion éthique sur la condition humaine et sur le corps.
Cette œuvre vidéo découle d’une longue recherche sur l’Histoire afro-américaine et sur la volonté de transmission d’un patrimoine culturel noir notamment dans les états du sud des États-Unis, où l’économie agricole se mêle à une histoire colonialiste chargée.
Mis en scène sur un fond vert représentant des openfields en Virginie, le corps du danseur symbolise également l’effectivité, l’efficacité, la productivité du corps noir qui devient alors sujet de spéculation économique. Les paysages évoqués par l’artiste nous replongent dans l’histoire de l’esclavagisme aux US, mais aussi dans une certaine mythologie de la création artistique afro-américaine qui prend racine dans les champs et dans la douleur du travail forcé. Ces témoignages, rendus accessibles à travers l’Histoire de la musique, retracent enfin les prémices de l’affirmation d’une culture noire identitaire.
Cette imagerie, largement relayée par l’industrie du cinéma, fait de ces états agricoles un signifiant de l’oppression noire. C’est aussi un point de convergence de narrations multiples, tantôt servant la cause noire, tantôt servant une idéologie blanche suprématiste.
Kandis Williams interroge le discours “officiel ” et l’influence du Sud des États-Unis dans la construction d’une politique étatique, marquée notamment par la sous-représentation de la culture noire dans l’espace public.
Les œuvres de Kandis Williams ouvrent une fenêtre vers une autre narration, loin des récits officiels, minutieusement reconstitués à partir d’archives, de témoignages, de rapports pénitenciers et de lectures anthropologiques et philosophiques.
Également impliquée dans la pratique du collage, l’artiste souligne par ses montages photos et vidéos, une histoire enchevêtrée, décousue en quête de vérité et d’une narration fiable. Le corps noir est comme marginalisé de son environnement, déraciné de sa propre culture. Pourtant à l’instar d’une plante, l’identité noire fait preuve d’adaptabilité, de résilience : ce sont des conteneurs dynamiques pour différentes formes de fictions spéculatives.
Kandis Williams, 2018 ©Dicko Chan
Biographie
Kandis Williams est une artiste américaine née en 1985 à Baltimore dans le Maryland. Elle vit et travaille à Los Angeles et est titulaire d’un Bachelor en arts visuels de la Cooper Union de New York. Elle est actuellement membre invitée de la faculté du California Institute of the Arts.
Son travail fera l’objet d’expositions personnelles à venir telles que : Laxart, Los Angeles (2022); Serpentine Galleries, Londres (2022); Luma Foundation, Westbau (2021) ; Night Gallery, Los Angeles (2021); Fitzpatrick Gallery, Paris (2022).
Ses œuvres ont déjà été présentées lors d’expositions personnelles au sein d’institutions et de galeries telles que : Institute for Contemporary Art, Richmond, VA (2020); Cooper Cole, Toronto, Canada
(2018); Night Gallery, Los Angeles (2016).
Son travail a été présenté dans des expositions collectives au sein de galeries et d’institutions telles que : Regen Projects, Los Angeles (2021); Jeffrey Deitch, Los Angeles (2021) ; Made in L.A. 2020 : a version, Hammer Museum, Los Angeles (2020-2021) ; Julia Stoschek Collection, Berlin (2021) ; Wignall Museum of Contemporary Art, Californie (2019); Frye Art Museum, Washington (2019) ; Gladstone Gallery, Bruxelles (2017).
Par Claire Vannaxay — ARTISTE — 20/04/2021
Portrait — Kandis Williams
Kandis Williams I Annexation Tango I 2020 I Single channel video with sound 10 minutes, 31 seconds, I Edition of 3 plus 1 AP (#2/3) I 4:3 formatted teaser for "Kandis Williams: A Field" "Annexation Tango" appears in "Kandis Williams: A Field" at the Institute for Contemporary Art at Virginia Commonwealth University.
Crédits : Kandis Williams | Réalisation — Brian Echon | Caméra et montage — Patrick Belaga | Musique — Olin Caprison/VIOLENCE | Musique de fond — Roderick George | Interprète— Kevin Lamar Jones | Dramaturgie — Leah Adler | Assistante de réalisation — Nick Nauhman | Assistant de production — Tyler Lyman | Assistant de production — Departure Point Films | Équipe du film de Richmond — Amber Esseiva | Curateur adjoint et agent de liaison de l’ICA
À travers son œuvre, Kandis Williams prône la diversification dans le paysage artistique contemporain et la reconnaissance d’un esthétisme identitaire à travers le traitement du corps et du mouvement.
Les origines du tango sont méconnues du grand public, c’est en réalité un mot originaire du Congolais qui signifie « soleil » et issu de danses sensuelles comme le candombe.
Ces danses sont les précurseurs d’une forme de communication de la passion par le corps. L’échange dans la relation avec son partenaire, traduit par des mouvements affirmés et spectaculaires. Le corps noir est ici représenté par sa sensualité, sa sexualité, son affectivité relatant une forme de fantasme contemplatif — presque mythologique —, mais aussi l’intention subconsciente d’un réflexe primitif de communication et de séduction affectant ainsi les rapports sociaux, le rapport à soi-même et la représentation de soi.
Il est intéressant de découvrir comment elles seront par la suite absorbées, annexées par la société occidentale durant les différents phénomènes de migration en Argentine puis en Europe lors de la traite des noirs. Paradoxalement, on assiste à un effacement total de l’identité culturelle africaine à l’origine du tango et une impossibilité de le revendiquer comme telle à cause d’un contexte politique raciste qui, encore aujourd’hui, reste réticent à l’idée d’une relecture de l’Histoire.
Kandis Williams parle ici d’un phénomène de transculturation, une preuve tangible et concrète d’une Histoire officieuse, pourtant bien réelle de la création artistique noire.
Dans sa prise de position, elle dénonce une absorption abusive de cette culture traduite par un manque d’archives, de documentation et de reconnaissance officielle de cet esthétisme propre, empreint d’une réflexion éthique sur la condition humaine et sur le corps.
Cette œuvre vidéo découle d’une longue recherche sur l’Histoire afro-américaine et sur la volonté de transmission d’un patrimoine culturel noir notamment dans les états du sud des États-Unis, où l’économie agricole se mêle à une histoire colonialiste chargée.
Mis en scène sur un fond vert représentant des openfields en Virginie, le corps du danseur symbolise également l’effectivité, l’efficacité, la productivité du corps noir qui devient alors sujet de spéculation économique. Les paysages évoqués par l’artiste nous replongent dans l’histoire de l’esclavagisme aux US, mais aussi dans une certaine mythologie de la création artistique afro-américaine qui prend racine dans les champs et dans la douleur du travail forcé. Ces témoignages, rendus accessibles à travers l’Histoire de la musique, retracent enfin les prémices de l’affirmation d’une culture noire identitaire.
Cette imagerie, largement relayée par l’industrie du cinéma, fait de ces états agricoles un signifiant de l’oppression noire. C’est aussi un point de convergence de narrations multiples, tantôt servant la cause noire, tantôt servant une idéologie blanche suprématiste.
Kandis Williams interroge le discours “officiel ” et l’influence du Sud des États-Unis dans la construction d’une politique étatique, marquée notamment par la sous-représentation de la culture noire dans l’espace public.
Les œuvres de Kandis Williams ouvrent une fenêtre vers une autre narration, loin des récits officiels, minutieusement reconstitués à partir d’archives, de témoignages, de rapports pénitenciers et de lectures anthropologiques et philosophiques.
Également impliquée dans la pratique du collage, l’artiste souligne par ses montages photos et vidéos, une histoire enchevêtrée, décousue en quête de vérité et d’une narration fiable. Le corps noir est comme marginalisé de son environnement, déraciné de sa propre culture. Pourtant à l’instar d’une plante, l’identité noire fait preuve d’adaptabilité, de résilience : ce sont des conteneurs dynamiques pour différentes formes de fictions spéculatives.
Kandis Williams I 2018 I Crédit : Dicko Chan
Biographie
Kandis Williams est une artiste américaine née en 1985 à Baltimore dans le Maryland. Elle vit et travaille à Los Angeles et est titulaire d’un Bachelor en arts visuels de la Cooper Union de New York. Elle est actuellement membre invitée de la faculté du California Institute of the Arts.
Son travail fera l’objet d’expositions personnelles à venir telles que : Laxart, Los Angeles (2022); Serpentine Galleries, Londres (2022); Luma Foundation, Westbau (2021) ; Night Gallery, Los Angeles (2021); Fitzpatrick Gallery, Paris (2022).
Ses œuvres ont déjà été présentées lors d’expositions personnelles au sein d’institutions et de galeries telles que : Institute for Contemporary Art, Richmond, VA (2020); Cooper Cole, Toronto, Canada
(2018); Night Gallery, Los Angeles (2016).
Son travail a été présenté dans des expositions collectives au sein de galeries et d’institutions telles que : Regen Projects, Los Angeles (2021); Jeffrey Deitch, Los Angeles (2021) ; Made in L.A. 2020 : a version, Hammer Museum, Los Angeles (2020-2021) ; Julia Stoschek Collection, Berlin (2021) ; Wignall Museum of Contemporary Art, Californie (2019); Frye Art Museum, Washington (2019) ; Gladstone Gallery, Bruxelles (2017).